Saint Augustin annonce à son vieil et saint ami Alype la
conversion de deux païens de leur connaissance ; la conversion de l'un d'eux avait été
précédée de miracles frappants.
Notre frère Paul est ici en bonne santé,
toujours occupé de ses affaires : plaise à Dieu qu'il les achève ! il vous salue
beaucoup. Il nous a raconté tout ce qui est arrivé d'heureux à Gabinien. La bonté de
Dieu l'ayant délivré de ce qui le tourmentait, Gabinien s'est fait chrétien et
chrétien des plus fidèles; il a été baptisé à Pâques, et la grâce qu'il a reçue
est autant. dans son coeur que dans sa bouche. Comment vous exprimer mon désir de le voir
? vous savez.combien je l'aime. Le médecin Dioscore
est devenu aussi un chrétien fidèle et a reçu la grâce du baptême en même temps que
Gabinien. Vous allez voir comment Dioscore s'est converti : il fallait des miracles pour
courber cette tête et brider cette langue. Sa fille, son seul bonheur, était malade; il
n'y avait plus d'espoir pour sa guérison; son père lui-même n'espérait plus. On dit
(et avant même le retour de notre frère Paul, cela m'a été affirmé par le comte
Pérégrin, homme digne de louanges et bon chrétien, baptisé en même temps que les deux
autres), on dit que ce vieillard, songeant enfin à implorer la bonté du Christ, fit
vu de se faire chrétien si sa fille était guérie; elle le fut. Dioscore
n'acquittait pas son vu ; mais la main de Dieu est encore levée : Dioscore est
soudain frappé de cécité; il reconnaît d'où part le coup, avoue sa faute en
gémissant, et, de nouveau, fait vu de se faire chrétien s'il vient à recouvrer la
vue. Il la recouvre et accomplit son voeu. La main de Dieu est encore levée. Dioscore
n'avait pas retenti par coeur le symbole comme font les catéchumènes, ou petit être
avait-il refusé de l'apprendre et s'était excusé de ne l'avoir pas pu : Dieu l'avait
vu. Après les cérémonies de son baptême, Dioscore eut presque tous les membres
paralysés, et même la langue. Averti par un songe, il déclare, par écrit, qu'il a
été frappé de paralysie, parce qu'il n'a pas récité le symbole. Après cet aveu, il
reprit l'usage de tous ses membres, moins la langue; il déclara, par écrit, qu'il avait
cependant appris le symbole et qu'il l'avait dans la mémoire. Ainsi est tombée cette
disposition à un continuel badinage qui, vous le savez, gâtait en lui une certaine
bonté naturelle, et le portait à des railleries sacrilèges contre les chrétiens. Que
dirai-je, sinon que nous devons chanter un hymne au Seigneur et le glorifier dans les
siècles ? Ainsi soit-il.