Pour faire court
Sociolecte.
" Je suis MDR. C'est trop LOL. Je plussoie. DSL, m'man. OMG, t'es SRX ?... " Stooooooooop ! Très bien, " Tu es mort de rire. C'est trop drôle. Tu souscris à ce que je viens de dire. Tu es désolé. Oh my god - pourquoi pas OMD Oh mon Dieu ? -, t'es sérieuse ? " Pourquoi tous ces acronymes, jusqu'alors cantonnés aux conversations sur Internet, ponctuent-ils désormais mes dîners en famille ? Nos échanges gagnent-ils en densité ?
Yoloooooo.
" L'écrit que pratiquent ces jeunes aujourd'hui a changé de perspective et de nature. C'est un écrit de l'immédiateté, de la rapidité et de la connivence : réduit au minimum, il n'est destiné à être compris que par celui à qui on s'adresse ", déplorait Alain Bentolila, professeur de linguistique et spécialiste de l'illettrisme dans un entretien à La Croix. C'était en novembre 2005, tout à l'essor des SMS. Depuis, ce langage, conforté par le jargon d'Internet, pullule sur nos écrans et essaime à l'oral (bit.ly/LYhVQw). Prenez le SWAG. Est-ce être vieux jeu que de vouloir rappeler aux plus jeunes qu'on le doit à Shakespeare et à son Songe d'une nuit d'été, dans lequel il apparaît en 1590 et signifie " faire le fanfaron " ? Ou que ce terme a fait son entrée dans l'Oxford Dictionnary en 1725 ? (bit.ly/Nig3Ss). Vont-ils me répartir qu'avoir le SWAG, c'est " avoir du style " et me renvoyer dans les cordes avec mon Songe éculé ? Que penser de ce petit dernier, convié pas plus loin qu'hier soir à la table familiale... YOLO !? Cri d'enthousiasme ? Désapprobation ? Comment le prendre ? Ce matin, ce " Mom : What's your excuse this time ? - Me : Uh, Yolo ? ", glané sur Twitter, rejouait cet échange de la veille. Oui, " C'est quoi ton excuse cette fois ? " Et une seule réponse : " Yolo ". Autre tweet : " Yolo - acronyme de - You Only Live Once. In other words, Carpe Diem for stupid people. " Autrement dit, " pour les personnes stupides " - pardooon ? -, Yolo est le pendant du Carpe Diem... Horace, ô désespoir, ô sociolecte ennemi !
Marlène Duretz