Platon
Mais la
science d’Epiméthée n’était pas sans limites: il ne s’était pas aperçu
qu’il avait dépensé toutes les facultés au profit des animaux dépourvus de
parole. Il y avait encore l’espèce humaine à pourvoir, et il ne voyait pas
comment il pourrait s’en tirer. Sur ce, alors qu’il était plongé dans
l’embarras, Prométhée arrive et commence son inspection: il voit tous les
animaux correctement équipés de tout ce qui convient, et l’homme nu, sans
chaussures, sans vêtements sans armes. Or le jour fixé était venu: l’homme
devait quitter le ventre de la terre et paraître à la lumière. Pris au
dépourvu, Prométhée ne savait comment assurer le salut des hommes: alors,
il s’en va dérober, auprès d’Héphaïstos et d’Athéna, l’habileté artiste et
le feu (car sans le feu, l’habileté artiste ne peut être ni possédée, ni
utilisée) et il en fait don aux hommes. Ainsi l”homme fut en possession de
la science qui permet de vivre.
Version citée par Graves
Les Mythes grecs
Un jour, une querelle éclata à Sycione, au sujet d'un taureau offert en sacrifice: on n'était pas d'accord sur les morceaux qui devaient être consacrés aux dieux et ceux qui étaient destinés aux hommes. Prométhée, appelé pour être l'arbitre du conflit, dépeça et découpa un taureau et cousit dans sa peau deux sacs avec une couverture qu'il remplit de ce qu'il avait découpé. Un sac contenait toute la chair, mais il la dissimula sous l'estomac, qui est la partie la moins appétissante de l'animal; l'autre contenait les os cachés sous une couche de graisse. Lorsqu'il demanda à Zeus de choisir, celui-ci, facilement trompé, choisit le sac contenant les os et la graisse qui sont aujourd'hui encore, la part réservée aux dieux; mais Zeus punit Prométhée; qui riait derrière son dos, en retirant le feu aux hommes: «Qu'ils mangent donc leur viande crue» s'écria-t-il.»