Histoire du quinquennat

L’ouest de la France ne se reconnaît plus dans le discours de l’UMP
F Fressoz

Au moment où l'UMP ouvre une réflexion sur ses valeurs, il faut signaler cette intéressante étude menée par Jérôme Fourquet pour la Fondation Jean Jaurès qui sera rendue publique jeudi 29 juin

Le directeur du département Opinion et stratégies d'entreprise de l'IFOP a étudié l'évolution des positions détenues par la droite parlementaire entre 2002 et 2012 en se demandant si la droitisation du discours de l'UMP dénoncée aujourd'hui par certains pouvait être rendue responsable de la défaite de 2012 .

Les résultats incitent à la prudence car de fortes disparités géographiques sont constatées.

A l'Ouest, l'UMP a perdu en dix ans 98 élus soit plus de 58% du nombre de sièges qu'elle détenait. Elle n'en compte plus aujourd'hui que 71 sur 255 contre 169 sur 267 en 2002 .

On peut parler d'une véritable hémorragie qui a d'abord profité à François Bayrou en 2007 puis aux socialistes en 2012. Dans ces terres peu perméables au discours frontiste, un vrai divorce s'est produit entre l'électorat modéré et la droite. Deux zones sont particulièrement frappées : le grand Ouest (Basse Normandie, Pays de la Loire, Bretagne) où la droite parlementaire est passée de 56 sièges en 2002 à 21 seulement cette année , l'Aquitaine Poitou Charentes où le nombre d'élus est tombé de 25 à 4 .

A l'Est de la France où l'audience du Front national est plus forte, l'érosion de l'UMP a été nettement plus faible avec 68 sièges perdus soit une chute de 32% par rapport à ses positions de 2002. Le nombre de ses élus y atteint aujourd'hui 147 (sur les 281 que comptent ces régions) contre 215 ( sur 284) en 2002. Mais deux cas de figure doivent être distingués : - dans les zones où elle était forte, la droite a plutôt bien résisté à la poussée du FN constatée en 2012 .C'est notamment vrai en Alsace Lorraine où elle a subi une érosion relativement faible ( -10 sièges par rapport à 2002) , dans le grand pourtour francilien (-16 élus) et dans le vaste ensemble Franche Comté, Bourgogne, Rhône Alpes ( -16).

En revanche là où elle était moins puissante, la droite locale a eu du beaucoup plus de mal à résister à la concurrence frontiste. C'est le cas du Languedoc Roussillon où elle a été quasiment rayée de la carte, le nombre de ses élus passant de 15 à 2. L'étude s'intéresse plus particulièrement aux élus de la Droite populaire dont la prétention au sein de l'UMP était de résister au Front national en allant sur ses thèmes. Le résultat n'est pas probant : sur les 38 élus qui se présentaient, 19 ont été réélus et 19 ont été battus. Lorsqu'ils étaient confrontés à des triangulaires, les élus de la Droite populaire ont eu tendance à moins bien résister que les autres élus de droite ou de centre : ils ont remporté trois victoires sur neuf, contre cinq sur onze pour leurs autres collègues de la droite.

Ces différents éléments devraient singulièrement compliquer l'œuvre de reconstruction de l'UMP confrontée à une fracture géographique de grande ampleur qui rend difficile l'unification de son discours .