Histoire du quinquennat

Hécatombe électorale pour la Droite populaire
Le Monde.fr du 18.06.2012

Fer de lance de la stratégie de droitisation de la campagne de l'UMP pour les élections présidentielle et législatives, qui se sont toutes deux soldées par des défaites, la Droite populaire a perdu beaucoup de plumes lors du scrutin du 17 juin. Dimanche, la moitié des 43 députés de l'aile droite de l'UMP ont été désavoués dans leur propre circonscription.

Seuls dix-neuf élus du collectif ont conservé leur siège, notamment dans le Rhône, où ils ont été réélus haut la main. Deux des figures les plus médiatiques de la Droite populaire ont été victorieuses : Lionnel Luca (Alpes-Maritimes), dès le premier tour, et Jacques Myard (Yvelines). L'ancien ministre Thierry Mariani a également été réélu... mais en changeant de circonscription. Désormais député des Français de l'étranger, il a observé, impuissant, son ancien fief du Vaucluse passer sous la coupe de son rival historique, le maire d'extrême droite d'Orange, Jacques Bompard.

Deux membres du collectif ne se représentaient pas, l'un est devenu récemment député européen. Tous les autres (vingt-et-un élus), dont quelques figures emblématiques, ont en revanche disparu :

Maryse Joissains-Masini

La maire d'Aix-en-Provence s'était illustrée en jugeant "illégitime" l'élection de François Hollande. Mi-mai, elle avait assuré "avoir toujours défendu" les valeurs de Marine Le Pen. Elle est battue au second tour (46,45 %) dans la 14e criconscription des Bouches-du-Rhônes par le socialiste Jean-David Ciot (53,55 %).

Jean-Paul Garraud.

Autre membre du collectif désavoué sur ses terres, M. Garraud avait suscité une polémique en s'interrogeant, dans l'entre-deux-tours, sur "la pertinence du maintien d'un cordon sanitaire autour du FN", arguant d'un "certain nombre de convictions communes avec le FN, notamment sur le souci de préserver notre identité française". Le maire (UMP) de Bordeaux, Alain Juppé, avait alors fermement condamné ces propos. M. Garraud s'incline (45,40 %) face à son rival socialiste, Florent Boudie, dans la 10e circonscription de Gironde.

Brigitte Barèges, battue dans le Tarn-et-Garonne.

Brigitte Barèges s'était distinguée, le 11 juin, en déclarant qu'elle serait "ravie" de l'élection à l'Assemblée nationale de Marine Le Pen. Elle s'est inclinée (45,91 %) dans la 1re circonscription du Tarn-et-Garonne face à la socialiste Valérie Rabault (54,09 %), nouvelle venue dans ce territoire électoral, dont c'était la première élection. Mme Barèges visait quant à elle un troisième mandat.

Eric Raoult, maire du Raincy.

Le maire du Raincy, qui briguait un sixième mandat dans la 12e circonscription de Seine-Saint-Denis, a été largement battu (45,90 %) par son rival socialiste Pascal Popelin (54,10 %). Fidèle lieutenant de Nicolas Sarkozy, M. Raoult avait jusqu'ici été élu presque sans interruption depuis 1986.

 

Christian Vanneste

Le député du Nord n'avait pas eu l'investiture de son parti après une déclaration jugée homophobe. Il n'a pas passé le premier tour. Avec seulement 13,18 % des voix, il a été largement battu par la candidate socialiste, Zina Dahmani (30,77 %), le candidat UMP Gérald Darmanin (24,93 %), et même le candidat du FN, Jean-Richard Sulzer (18,06 %).

Seize autres députés appartenant à la Droite populaire
ont perdu leur siège dimanche soir :

Elie Aboud (Hérault), Patrice Calméjane (Seine-Saint-Denis), Claude Bodin (Val-d'Oise), Bernard Carayon (Tarn), Eric Diard (Bouches-du-Rhône), Jean Roatta (Bouches-du-Rhône), Paul Durieu (Vaucluse), Jean-Michel Ferrand (Vaucluse), Jacqueline Irles (Pyrénées-Orientales), Daniel Mach (Pyrénées-Orientales), Jean-Marc Roubaud (Gard), Jacques Remiller (Isère), Christine Marin (Nord). Richard Mallié (Bouches-du-Rhône), Georges Mothron (Val-d'Oise) et Patrick Beaudouin (Val-de-Marne).

Nadine Morano ne fait pas partie de la Droite populaire, mais elle a illustré la chasse aux voix du Front national entre les deux tours des législatives. Piégée par un canular téléphonique de l'imitateur Gérald Dahan, l'ancienne ministre de l'apprentissage avait affirmé que, "bien sûr", le FN et l'UMP ont des intérêts communs, et que "Marine Le Pen a beaucoup de talent". Elle avait ensuite lâché : "J'ai pas envie que ça devienne le Liban chez moi !". Elle a été battue dans la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle (44,33 %), contre 55,67 % à son rival socialiste, Dominique Potier.

Même destin pour Claude Guéant, un autre ministre qui a incarné aux yeux des Français la droitisation de l'UMP. L'ancien ministre de l'intérieur a été battu dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine, où il était parachuté, par le dissident de l'UMP Thierry Solère lors d'une triangulaire. L'ancien ministre de l'intérieur obtient 38,41 % des voix, M. Solère 39,35 %, et la candidate PS, Martine Even, 22,24 %.