pulsion de mort

Le concept de pulsion de mort
Bibliographie critique des auteurs psychanalytiques français

Thierry Bokanovski


Rendre compte du concept de pulsion de mort et de la place de ce dernier dans la pensée des psychanalystes contemporains revient à passer par une double nécessité : justifier cette hypothèse spéculative en la situant dans l'évolution de la pensée freudienne et tenter de repérer à quelles nécessités structurales l'introduction de cette dernière répond dans le cadre de ce qu'il est convenu d'appeler le "tournant des années 1920".

Un grand nombre d'auteurs s'accordent pour penser, à présent, que la notion de pulsion de mort était, pour Freud, à la fois le produit d'une exigence spéculative - suggérée par l'insistance de faits précis autant qu'irréductibles dans le clinique et dans la cure ( par exemple la cure de l'"Homme aux Loups) - et la résultante naturelle et inévitable de toute une série de problèmes qui se posaient à la théorie psychanalytique depuis 1910.


À titre d'exemple, Frank J. Sulloway[1] voit dans le "nouveau partage" entre les pulsions de vie et les pulsions de mort à la fois : la "restauration de la division bipartite de la pulsion qui avait été mise à mal par la théorie du narcissisme" ; l'éclaircissement "des phénomènes, sans cela mystérieux, de la fixation au trauma et de la compulsion de répétition"; et enfin la possibilité de "fournir à Freud un équilibre bienvenu entre les forces développementales d'évolution (de progression) et d'involution (de régression)".

C'est un point de vue quelque peu différent que proposent et développent Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, au chapitre "pulsion de mort", dans leur Vocabulaire de la Psychanalyse[2]. Ils suggèrent, bien entendu, que l'un des motifs principaux qui conduisirent Freud à poser l'existence de la pulsion de mort fut la prise en considération de la compulsion de répétition dans laquelle ce dernier voyait la marque du "démoniaque" : une force irrépressible, indépendante du principe de plaisir et cependant susceptible de s'opposer à lui. Mais c'est, pour eux, l'importance du problème que posaient dans l'expérience psychanalytique les notions même d'ambivalence, de sadisme, de masochisme, d'agressivité et surtout de haine qui semblerait avoir été pour Freud le motif déterminant à l'établissement de cette exigence spéculative. "On peut penser que la haine lui a paru présenter une difficulté particulière à se laisser déduire dans le cadre d'un monisme pulsionnel" ajoutent-ils, lorsqu'à la suite de l'"introduction du concept de narcissisme dans la théorie, Freud tend à effacer la distinction de deux sortes de pulsions (pulsions sexuelles et pulsions du moi) en les ramenant à des modalités de la libido".

C'est là que la question, soulevée dès 1915, de l'existence possible d'un masochisme primaire vient "comme l'index qui désignait le pôle du nouveau grand dualisme pulsionnel à venir". Ainsi la pulsion de mort s'inscrit dans l'exigence dualistique fondamentale de la pensée freudienne" : elle va s'opposer à la pulsion de vie, ce nouveau dualisme subsumant l'ensemble des pulsions (pulsions sexuelles, d'auto-conservation et du moi) précédemment distinguées par Freud. Comme Michel de M'Uzan le remarque si bien, pour Freud, à partir de l'Au-delà du principe de plaisir la mort "prend une nouvelle portée [...], prise en elle-même cette fois et non plus comme un masque". Jusque-là "la mort, alors emblème de la castration, renvoyait à la vie, à l'enfance et surtout à ce moment où tous les personnages du drame œdipien étant réunis, les énergies engagées sont précisément les plus fortes, tandis que la mutilation majeure trouve sa pleine réalité dans le fait même qu'elle est impraticable. Maintenant, la mort, c'est ce vers quoi renvoie la vie, l'inerte ou l'inorganique qui la précède et qui en devient le but"[3].

Désormais le phénomène de la vie est décrit comme la résultante d'une interaction constante entre la force d'où proviennent toujours fracas et tumulte, la libido, qui fournit son énergie à l'Éros - "tout le bruit de la vie provient surtout de l'Éros ... De l'Éros et du combat contre l'Éros!''[4] -, et d'une puissance nouvelle, la pulsion de mort, qui veut tout défaire et ramener ce qui vit à l'état inanimé. Ainsi, indépendamment de tout autre motif, le caractère le plus élémentaire de la pulsion de vie et de la pulsion de mort serait la répétition. C'est en fait ce que Freud cherchait à dégager sous le terme de pulsion de mort, à savoir ce qu'il y a de plus fondamental dans la notion de pulsion : le retour à un état antérieur et, en dernier ressort, le retour au repos absolu de l'inorganique.

Dans Au-delà du principe de plaisir [5], la pulsion de mort est postulée à partir de faits censés mettre en échec ce principe. Cependant, au même moment, Freud peut conclure en affirmant que "le principe de plaisir semble être en fait au service de la pulsion de mort"[6]. C'est lorsque le principe de plaisir signifie réduction absolue des tensions - selon le principe économique de la réduction des tensions à zéro -, qu'il est dit "au service de la pulsion de mort". Lorsque la tendance au zéro absolu est désignée comme "principe de Nirvâna", le principe de plaisir s'en distingue et se confond avec le principe de constance : il "représente l'exigence de la libido" et des pulsions de vie, dans leur tendance à l'homéostase et à la synthèse.
Aussi, ces deux tendances continuent-elles à être distinguées du fait de leur correspondance avec les deux types d'énergie (libre - liée aux deux modes de fonctionnement psychique, processus primaire - processus secondaire et aux deux principes régulateurs du fonctionnement mental (principe de plaisir - principe de réalité). Et c'est en cela que l'on peut "voir dans la thèse de la pulsion de mort une réaffirmation de ce que Freud a toujours tenu pour l'essence même de l'inconscient dans ce qu'il offre d'indestructible et de déréel"[7]. Ainsi Freud, réaffirmant ce qu'il y a de plus radical dans le désir inconscient, assigne-t-il à la sexualité et à l'Éros une véritable mutation dans sa fonction dernière : celle-ci n'est plus définie comme une force de rupture qui perturbe, mais comme un principe d'unification, de cohésion et de liaison . "Le but de l'Éros est d'établir de toujours plus grandes unités, donc de conserver c'est la liaison. Le but de l'autre pulsion, au contraire, est de briser les rapports, donc de détruire les choses. Il nous est permis de penser de la pulsion de destruction que son but final est de ramener ce qui vit à l'état inorganique et c'est pourquoi nous l'appelons aussi pulsion de mort"[8].

C'est ainsi que la notion de pulsion de mort apporte à l'édifice freudien une conception nouvelle. Expression privilégiée du principe le plus radical du fonctionnement psychique, elle fait de la tendance à la destruction une donnée quasi paradigmatique dans la mesure où elle lie indissolublement tout désir, agressif ou sexuel, au désir de mort.

Désormais, sous la plume de Freud, et dans le cadre de sa dernière théorie des pulsions, la pulsion de mort va désigner à la fois ;

- la compulsion de répétition;
- le principe de Nirvâna et la réduction des tensions au zéro;
- la tendance à la destruction et à la destructivité,

Nous savons quel accueil mitigé la communauté psychanalytique contemporaine de Freud, hormis Ferenczi, Eitingon et Alexander, réserva à ces vues hautement spéculatives. C'est ainsi que pendant tout un temps du développement de la pensée en psychanalyse deux tendances apposées confrontèrent leur point de vue : ceux qui, à la suite de Freud, "croyaient" en l'existence d'une pulsion de mort, s'opposaient à ceux qui la réfutaient, voire la déniaient en préférant conceptualiser en termes d'"agression", de "pulsion d'agression" voire d'"agressivité''. Ces derniers soutenaient enfin que rien, ni dans la chimie, ni dans la physique, ni même dans la biologie - sur laquelle pourtant Freud s'appuyait fermement - ne permettait d'en confirmer l'existence.

Depuis, malgré la complexité inhérente au concept et surtout la difficulté à admettre son caractère autodestructeur, tout un courant de pensée désireux d'éviter de s'enfermer dans le faux dilemme "croire ou ne pas croire à la pulsion de mort", a tenté de rendre compte de ce que nous pouvons convenir de nommer aujourd'hui, à la suite de Jean Laplanche, "pulsion de mourir ou de se faire mourir" [9]. Cependant, comme le remarque fort pertinemment André Green, "la difficulté, en ce qui concerne la pulsion de mort, vient de ce que nous ne pouvons lui attribuer avec la même précision une fonction correspondante à celle de la sexualité par rapport aux pulsions de vie (ou d'amour)" [10]. Aussi, même s'il est actuellement fréquent de rencontrer en clinique psychanalytique des formes pathologiques de destructivité[11], aucun argument clinique ne peut en lui-même constituer une preuve de l'existence de la pulsion de mort et le problème reste, pour l'essentiel, théorique ;

C'est plus particulièrement dans ses effets réfringents ou diffractants, et de ce fait hypothétiques, que le statut de la pulsion de mort a pu être envisagé et, souvent passionnément, débattu. Les effets non univoques de ces controverses proviennent tout autant du statut métapsychologique singulier qui soutient le concept de pulsion de mort, que des positions personnelles de ceux qui en rendent compte dans leur double expérience théorico-clinique. Aussi pour en dégager les principaux aspects, tout en tentant de regrouper certaines positions théoriques, proposerons-nous cinq axes qui serviront de fil conducteur :

I. Le ou les narcissismes;
2. Les relations pulsion et objet;
3. Les problématiques liées à l’agressivité, à la destructivité et à l'emprise;
4. Les masochismes;
5. Les effets de la pulsion de mort et la cure psychanalytique, le contre-transfert et la mort.

I. Le ou les narcissismes.

Tout au début de son œuvre, dès sa communication au Congrès international de psychanalyse de Marienbad, Jacques Lacan présuppose l'agressivité comme- consubstantielle au narcissisme. Cela sera réaffirmé- en 1948 dans son rapport sur L'agressivité en psychanalyse[12]. Au départ, pour Lacan, le concept d'agressivité est lié à celui de pulsion de mort, ou plus exactement à celui d'instinct de mort; l'agressivité devient corrélative de l'identification narcissique qui "détermine la structure formelle du moi". La conquête de l'unité fonctionnelle du corps propre est subordonnée à une première captation par l'image du stade du miroir qui fait intervenir la dialectique des identifications. C'est en liant l'agressivité à l'identification narcissique que l'identification œdipienne devient "celle par où le sujet transcende l'agressivité constitutive de la première individuation subjective"; cette conception du narcissisme permet, par ailleurs, de "clarifier le fait de l'ambivalence propre aux pulsions partielles".

C'est pour "échapper" à un enfermement dans l'alternative des théories pulsionnelles qu'un certain nombre d'analystes ont privilégié le rôle du narcissisme. Cela leur permet, comme Freud l'indiquait dès 1914, d'intégrer l'investissement libidinal du moi parmi les investissements d'objet, et de souligner ainsi la nature libidinale de la pulsion d'autoconservation". Mais ce faisant, il leur sera nécessaire de réintroduire au sein même du concept de narcissisme un dualisme, et cela par le biais des pulsions autodestructrices.

Aussi est-ce dans ce sens que nous devons, semble-t-il, comprendre la démarche de Francis Pasche lorsque celui-ci, élaborant la notion d'antinarcissisme, souligne une disposition du sujet qui lui paraît "plus originelle peut-être" que sa tendance à se détruire : une aptitude à "se déprendre littéralement de lui-même, à céder de sa libido au profit éventuel de ce qui est au dehors". Cette notion se justifie ainsi : "La dernière théorie des instincts, si nettement dualiste, en exige selon nous l'individualisation, car elle est à la fois corrélative du narcissisme primaire et son complément; [ ... ] si l'amour objectal est, comme nous en sommes convaincus, autre chose que du narcissisme différé, elle en est le fondement". La notion d'antinarcissisme permet de lever l'aporie sournoisement introduite par le concept de narcissisme primaire; par ailleurs cette position implique un accord explicite avec la dernière théorie des pulsions, ce que nous retrouvons sous la plume de Francis Pasche lorsqu'il écrit "L'écartèlement permanent du sujet jusqu'aux confins objectaux est la preuve de la mise en œuvre simultanée de deux tendances de même niveau, dérivée chacune d'Éros et de Thanatos, mais d'orientation opposée le narcissisme et l'anti-narcissisme"[13].

Pour André Green, c'est en apposant une valence négative, un signe négatif, au narcissisme qu'il lui semble possible de l'articuler à la pulsion de mort. Postulant l'existence d'un narcissisme négatif, "double sombre de l'Éros unitaire du narcissisme positif", il voit celui-ci comme le complément logique du narcissisme positif qui rend intelligible le passage de la théorie des pulsions, opposant la libido narcissique et la libido d'objet, à la dernière théorie des pulsions de vie et de mort"[14]. Cerner plus étroitement l'articulation de la pulsion de mort avec le narcissisme, à la lumière de la deuxième théorie des pulsions, conduit André Green à la reconnaître "dès son temps primaire". Le "modèle qui gouverne l'activité psychique" sera celui de la réalisation hallucinatoire négative du désir, et au principe de plaisir-déplaisir sera substitué une opposition plaisir-neutre. Cette "catégorie du neutre", c'est tout autant la "réalité indifférente à l'agitation des pulsions humaines" que la "métamorphose du retour à la matière inanimée" visant à l'inertie dans la mort psychique. Cette élaboration complémentaire du principe de plaisir permet de comprendre le sens d'un narcissisme de mort ainsi opposé à un narcissisme de vie dont les accomplissements ne sont jamais pleinement réussis.

Nous retrouvons cette idée de "travail en négatif" de la pulsion de mort sous la plume de Serge Leclaire. Ce dernier voit dans les "forces pulsionnelles dites de mort" celles qui "tendent à faire prévaloir le "non-figuratif" du représentant inconscient et l'impensable unité négative, constitutive du référent phallique"; nous reviendrons sur cette idée pour la développer ultérieurement. En fait, pour cet auteur, c'est le fantasme de meurtre de l'enfant idéal que nous portons en nous ( On tue un enfant qui vient représenter le lien entre narcissisme et pulsion de mort : "C'est ce représentant inconscient privilégié que j'appellerai représentant narcissique primaire. L'enfant à tuer, l'enfant à glorifier, l'enfant tout-puissant, l'enfant terrifiant, c'est la représentation du représentant narcissique primaire. Part maudite et universellement partagée de l'héritage de chacun objet du meurtre nécessaire autant qu'impossible"[15]. C'est aussi ce travail de déconstruction qui sera au centre de l'analyse puisque devant "élucider et dénouer toutes les élaborations secondaires qui, dans sa vie, sont venues recouvrir la nécessité du meurtre de l'enfant.".

Rendre compte de la totalité de son expérience actuelle, concernant le narcissisme, conduit Belà Grunberger à émettre l'hypothèse d'un paléonarcissisme. Il approfondit ainsi la complémentarité établie entre le narcissisme et les systèmes pulsionnels, et y adjoint une agressivité archaïque. Un Anubis se trouve en Narcisse et Narcisse se double d'un Anubis : "les deux ne forment qu'un et restent cependant séparés, comme les deux noyaux narcissiques primitifs [...] Anubis, représentant de la destructivité profonde en soi et pour soi, comme Narcisse est celui de l'affirmation existentielle élationnelle" [16]. Il y a donc la nécessité, pour Belà Grunberger, d'évoquer l'existence - au sein même du narcissisme - d'une tendance auto-agressive, autodestructrice, archaïque et anobjectale qui, ignorant la distinction entre le dedans et le dehors, peut facilement se retourner contre le sujet. Cette description élargit le champ théorique, et par extension, le concept de pulsion de Mort.
Ainsi les reflets de certaines apories théoriques, soulevées par le concept de narcissisme, permettent-ils de mieux cerner quelques-uns des masques empruntés par la pulsion de mort. Mais les apparences complexes et divergentes de ces emprunts ne doivent en rien nous étonner car, comme nous le rappelions plus haut, le concept de narcissisme ne peut résoudre, en lui-même, la problématique de la dualité pulsionnelle qui lui est inhérente.

2. Les relations pulsion et objet.

Il semble bien que ce soit précisément pour éviter d'être prisonnier de la dualité pulsionnelle liée au narcissisme - tout en étant désireux de ne pas être emporté par le vertige d'une destructivité qui dépasserait toute capacité d'élaboration par la théorie de la libido -, que Jean Laplanche voit dans les pulsions de mort un approfondissement de la sexualité dans son aspect le plus radical[17].

Trois "exigences freudiennes" caractérisent la pulsion de mort : la mort dont il est question est, en premier, toujours la mort de l'"individu lui-même" et ce n'est que dans un second temps qu'il s'agit de la mort infligée à l'autre; la pulsion de mort est étroitement liée chez Freud au principe d'abaissement des tensions - principe du zéro ou du Nirvâna - et à la compulsion de répétition; au niveau du ça, l'existence de la pulsion de mort n'est jamais apparue à Freud comme incompatible avec les autres thèses qu'il réaffirme : absence de négation, de contradiction et d'idée de la mort dans l'inconscient.

Aussi est-ce à l'intérieur même de la pulsion sexuelle qu'est reporté le dualisme inévitable pulsion de vie - pulsion de mort. La pulsion sexuelle est "la seule vraie pulsion". C'est le refus de l'idée d'une pulsion de mort préalable, muette, préexistante à l'objet qui l'amène à proposer une conception unifiée sexuelle de l'énergie pulsionnelle, et à opposer les pulsions sexuelles de vie aux pulsions sexuelles de mort du point de vue de "leur mode de fonctionnement énergétique, de leur but, de leur rapport au moi et de leur objet-source".

"Les pulsions sexuelles de vie fonctionnent selon le principe de l'énergie liée (principe de constance ); leur but est la synthèse, le maintien ou la construction d'unités et de liens; elles sont conformes au moi; leur objet-source est un 'objet total' régulateur".

"Les pulsions sexuelles de mort fonctionnent selon le principe de l'énergie libre ( principe du zéro ); leur but est la décharge pulsionnelle totale au prix de l'anéantissement de l'objet; elles sont hostiles au moi qu'elles tendent à déstabiliser; leur objet-source est un aspect clivé, unilatéral, un indice d'objet".

Cette opposition se conçoit sur la base d'une énergie libidinale commune; cependant une dissymétrie fondamentale persiste : "la pulsion de vie tend à l'union entre elle-même et le principe de désunion; la pulsion de mort tend à la désunion, et de son union avec la pulsion de vie et de la pulsion de vie elle-même"[18].

Ainsi est-ce le caractère synthétique, régulateur et "liant" qui, pour Jean Laplanche, spécifie la pulsion sexuelle de vie, tandis que la pulsion sexuelle de mort rend compte de l' "image la plus proche de ce que nous nommons processus primaire dans le ça"; elle serait responsable du "déplacement compulsif et indéfini, le long des chaînes d'associations entre des objets réduits à leur aspect de signifiant, et visant à la décharge par les moyens les plus courts, sans égard pour la survie de l'objet". Cette pulsion sexuelle de mort, pulsion de "représentation", de "signifiant", ou peut-être mieux d'"indice", s'oppose donc radicalement à la "pulsion d'objet (total)"[19].

À l'inverse de Jean Laplanche qui, pourrait-on dire, met l'accent sur l'"aspect pulsionnel" de la pulsion de mort, André Green voit dans les conséquences du travail de celle-ci un effet de déliaison. La déliaison porte pour l'essentiel sur les investissements significatifs liés à l'objet - relations tant externes qu'internes à celui-ci -, voire même, en son absence, sur l'investissement marquant son empreinte, "signe et caractéristique du travail psychique accompli". Dans l'objectalisation c'est l'investissement lui-même qui est objectalisé, fonction objectalisante À distinguer de l'objet. Ainsi, dans la visée de la pulsion de mort qui est d'accomplir aussi loin que possible la fonction désobjectalisante, n'est-ce pas seulement la relation à l'objet qui se trouve attaquée, mais aussi les substituts de ce dernier - comme le moi - et l'investissement lui-même en tant qu'ayant subi le processus d'objectalisation. "La manifestation propre à la destructivité de la pulsion de mort est le désinvestissement". La fonction désobjectalisante, loin de "se confondre avec le deuil, est le procédé le plus radical pour s'opposer au travail de deuil qui est au centre des processus de transformation caractéristique de la fonction objectalisante". C'est ainsi que s'explique "logiquement" le passage de l'opposition entre libido d'objet et libido narcissique à la dernière théorie des pulsions : Eros et pulsions de destruction. Ce qui permet de soutenir l'hypothèse d'un "narcissisme négatif comme aspiration au niveau zéro, expression d'une fonction désobjectalisante qui ne se contenterait pas de se porter sur les objets ou leurs substituts mais sur le processus objectalisant lui-même. [ ... ] La visée objectalisante des pulsions de vie ou d'amour, a pour conséquence majeure d'accomplir, par la médiation de la fonction sexuelle, la symbolisation (Bion, Winnicott, Lacan)", conclut, in fine, André Green[20].

L'intérêt du débat qui oppose les élaborations de Jean Laplanche à celles d'André Green tient pour l'essentiel, semble-t-il, à ceci que leur conception de l'aspect "pulsionnel" de la pulsion de mort est antagoniste. Pour Jean Laplanche il apparaît que la pulsion de mort serait une pulsion en soi, tandis que pour André Green elle serait plus de l'ordre d'un principe négativant, une antipulsion. Pour André Green il est impossible de "dire quoi que ce soit de la pulsion de mort sans se référer à l'autre terme de la paire qu'elle forme avec la pulsion de vie, dans un attelage conceptuel indissociable"; par ailleurs, pour lui, c'est l'"objet qui est révélateur des pulsions", même si l’on est conduit à admettre que les pulsions sont des "entités premières, fondamentales, originaires". Pour Jean Laplanche, qui souscrit entièrement à l'idée d'opposer "objectalisation" et "désobjectalisation", la différence conceptuelle tient au fait que la "désobjectalisation totale" ne peut aller jusqu'à un point zéro; ce "point ne peut être visé que de manière asymptotique". Il oppose à la pulsion d'objet et à l'objectalisation la "pulsion d'indice", c'est-à-dire le moment où l'objet est réduit à un simple indice de lui-même". C'est, pour lui, le "moment où la mort de l'objet est présente, où le plaisir est cherché pour lui-même, et simplement sur un signe, non plus sur le maintien de l'objet". C'est, à son avis, ce que Freud "exprimait sous le terme de "pulsion sexuelle" au début de son œuvre ; la pulsion sexuelle cherchait le plaisir et non pas l'objet, ce dernier étant secondaire par rapport à elle"[21].

Pour Pierre Marty, qui a une conception très élargie de l'instinct de mort, la mort résulte de la domination des instincts de mort. Liés aux traumatismes de la perte de l'objet ils entraînent une dépression "essentielle" avec de graves conséquences somatiques. Les instincts de vie sont affaiblis et la supériorité des instincts de mort entraînent alors une désorganisation de la personnalité, de la structuration originale : "La désorganisation, témoin de la présence des Instincts de Mort, s'impose lorsque faillit une organisation mue par les Instincts de Vie. Elle frappe d'abord le plus haut étage évolutif. Elle ne s'arrête, dans son trajet contre-évolutif, que lorsqu'elle rencontre un palier solide d'organisation, naturellement moins évolué"[22].

C'est ici que la complexité du concept de pulsion de mort, liée à la difficulté de devoir en admettre le caractère radicalement autodestructeur. Freud lui-même ne reconnaissait-il pas qu'il s'agissait là d'"une singulière pulsion que celle qui s'occupe de la destruction de son propre foyer"[23] ?, conduit certains auteurs à souhaiter privilégier celle-ci dans ses aspects projectifs et agressifs. Pour ces derniers, le sujet oriente sa destructivité essentiellement vers l'extérieur, l'agressivité étant la "résultante" d'une "interaction" entre le sujet et le monde extérieur.

3. Les problématiques liées à l'agressivité, à la destructivité et à l'emprise.

Sacha Nacht, grand défenseur du monisme pulsionnel, voyait dans l'agressivité un aspect de la pulsion sexuelle, une forme nécessaire à l'action, ce qui lui permettait de réduire, voire d'édulcorer, le concept de pulsion de mort. L'agressivité représentait l'aspect actif de l'action entreprise par un organisme pour trouver son équilibre : "L'aptitude à la réaction agressive de tout ce qui est vivant est due à la tendance constante à éliminer ce qui, par son état d'excitation, donc de tension, troublerait l'équilibre de l'organisme [...] pour éviter l'insatisfaction, aussi bien que pour obtenir la satisfaction des besoins, en somme pour vivre, l'agressivité entre en jeu"[24]. Fidèle à la thèse freudienne d'avant le tournant de 1920, l'agressivité est donc, pour Sacha Nacht, le fait de toute pulsion. Cette position se modifiera sensiblement vers la fin de son œuvre, mais nous attendons le chapitre suivant pour l'évoquer.

À la suite de Freud, qui séparait la tendance sadique ( composante de la libido ) de la pulsion de destruction ( liée à la pulsion de mort ), la nécessité de distinguer deux composantes agressives apparaît chez certains auteurs français.

Ainsi René Diatkine et Serge Lebovici, au Congrès international de Vienne (1971), envisagent cette distinction en proposant de différencier agression et agressivité. L'agressivité, dérivée de la pulsion de mort, est opposée à l'agression, qui en est l'élaboration dans le fonctionnement du Moi : "Notre thèse a consisté à opposer les deux temps de la théorie freudienne concernant l'agression. Ce qu'on appelle parfois l'agressivité comporte de ce fait bien des ambiguïtés. Nous croyons qu'il est bon finalement de comprendre comme agression ce qui est son élaboration dans le fonctionnement du Moi et comme agressivité ce qui est du destin de l' instinct de mort"[25].

Jean Bergeret, pour sa part, oppose la notion d'agressivité "telle que la conçoit la théorie psychanalytique" à la notion de violence fondamentale "telle qu'il en soutient l'hypothèse".

La violence fondamentale s'appuie "à son origine sur des mises en scène tout à fait précoces telles que "l'autre ou soi", "lui ou moi", "survivre ou mourir", "survivre au risque de devoir tuer l'autre", sans intention nette de détruire spécifiquement cet autre". La "poussée instinctuelle de violence" résulterait des fantasmes issus des modèles imaginaires maternels qui s'appuieraient sur des représentations mettant en scène une domination de l'objet par la violence, aussi bien du côté du parent que de l'enfant. Ainsi les premières formations fantasmatiques comporteraient-elles tout autant de "mises en scène" de meurtre d'enfants que de meurtre de parents, matricide et parricide confondus. Deux destins sont dévolus à ces inscriptions présymboliques; dans les meilleurs cas elles se structurent en fantasmes œdipiens ouvrant la voie aux élaborations génitales qui permettent l'intégration de la violence fondamentale dans une optique libidinale ou objectale; sinon, c'est un mouvement "inverse" qui se produit "et c'est la violence qui reprendrait à son compte des fragments épars de libido pour donner lieu à des élaborations imaginaires d'agressivité, de sadisme ou de masochisme".

La violence fondamentale se différencie de l'agressivité en ce qu'elle "s'intéresse avant tout au sujet et à sa conservation; le sort de l'objet lui est très secondaire". Elle "est préambivalente; elle ne tient pas compte de l'ambivalence, et ainsi ne connote ni amour ni haine". Elle se rattache originairement aux instincts de vie et "s'envisage comme assurant un étayage dynamique utilisable au profit de la sexualité"[26].

La "qualité" de l'intégration de la violence fondamentale peut avoir des conséquences psychopathologiques précises, et Jean Bergeret envisage des "variétés de violences différenciées par le degré d'élaboration imaginaire atteint dans l'évolution généalogique de la lignée violente"[27]. C'est, pour l'essentiel, autour de l'organisation des modalités sado-masochiques qui en résultent que l'on pourra suivre les destins de ces différentes formes de destructivité.

Michel de M’Uzan, pour sa part, pense qu' il est "nécessaire de disjoindre deux notions qui sont ordinairement associées : l'instinct de mort et les pulsions de destruction"[28]. C'est sur l'intégration, ou le défaut d'intégration, des tensions et des conflits au niveau psychique, que se fonde et se justifie cette distinction. D'une part, la pulsion de mort n'est jamais saisissable directement; on ne la voit apparaître qu'"enchevêtrée avec la libido ou sous forme de processus destructeurs dirigés contre les objets ou contre le Moi, ce qui implique un certain degré d'élaboration psychique dans le sens de l'intégration". D'autre part, un certain nombre de phénomènes - répétition, névroses traumatiques, réaction thérapeutique négative -, sur lesquels Freud s'appuie pour développer sa théorie, imposent l'idée d'une tendance léthale. Le "défaut d'intégration des tensions et des conflits au niveau psychique", qui en résulte, entraîne la prédominance des "facteurs actuels" et la "tendance à la décharge totale de l'excitation". Ce même défaut d'intégration se retrouve dans certaines affections somatiques graves avec la "même tendance à la décharge pulsionnelle totale qui vide le Moi de tout son investissement narcissique". Aussi peut-on concevoir que de tels processus passent pour l'"effet d'un instinct spécial"; mais Michel de M'Uzan "préfère parler d'un destin spécial de l'instinct, dont le terme ultime serait non pas une destruction active - division, morcellement - mais une véritable extinction".

Ce destin spécial de l'instinct qui nous semble être une variation de l'instinct de mort -, sera évoqué chez des sujets qui, soumis à des excès de quantité de l'instinct sexuel associés à une carence objectale, sont menaces dans leur capacité d'intégration psychique. Le sujet devient tout autant incapable d'élaborer l'excitation que de la décharger. La "coexistence d'une tendance à la décharge totale" alliée à une "destructivité brute de médiocre valeur fonctionnelle, scelle le destin du sujet". Ainsi deviennent de véritables esclaves de la quantité[29] ceux qui, faisant appel aux solutions perverses, sont "entraînés par leur appétit de jouissance infini et contraignant", ou bien sont soumis à une affection somatique sévère, voire ne peuvent se décharger d'une excitation que de "façon massive, brutale, par un passage à l'acte dont la violence est proportionnelle aux quantités mises en jeu".

Comme Freud l'affirme clairement dans Le problème économique du masochisme[30], la pulsion d'emprise, au même titre que la pulsion de destruction et la volonté de puissance, est considérée par Freud comme un avatar de la pulsion de mort. Cependant certains auteurs contemporains semblent ne pas entièrement partager cet avis. Roger Dorey[31], qui met l'accent sur l'opposition emprise-maîtrise, voit un problème à ne vouloir rattacher l'emprise qu'à l'action de la pulsion de mort. La notion de Bemächtigungstrieb, concept qui lui paraît difficile à utiliser et à manier, lui semble tout aussi bien "traduire l'action unificatrice des pulsions de vie que l'action destructrice des pulsions de mort". Pour sa part François Gantheret[32] invite à y reconnaître "cette haine dont Freud voit l'origine dans les atteintes à l'autoconservation". Jean Gillibert[33], s'interroge avec force sur le caractère "dogmatique" des dualismes pulsionnels et de la "fausse question entre pulsion et instinct". Une révision de la théorie des pulsions et de la violence implique, pour lui, une conception de la pulsion d'emprise qui n'est ni sexuelle, ni d'autoconservation "Ce n'est ni monisme, ni dualisme mais permanence de toute altérité première".

Faut-il rappeler que rendre compte des forces destructrices et autodestructrices de la pulsion de mort, n'est possible que parce que celle-ci est liée, enchevêtrée, à la libido ? Car tel est bien le sens de la découverte de Freud après 1920. Lier le principe de plaisir à la pulsion de mort, entraînait la difficile conception d'un principe de plaisir au service de celle-ci, mais permettait d'éclairer d'un jour nouveau la force "énigmatique" de destruction qui s'oppose à ce même principe, Cela allait non seulement rendre compréhensible le masochisme mais aussi permettre de différencier, dans leurs principes économiques, les masochismes.

4. Le ou les masochismes

C'est vers la fin de son œuvre, comme nous l'évoquions plus haut, que Sacha Nacht fut contraint par la "réalité" de certains "échecs thérapeutiques" à admettre qu'il y avait des forces autodestructrices qui échappaient à la, à sa, théorie. Aussi lui fallut-il bien reconnaître qu'il pouvait exister chez l'homme, au-delà de l'unique pulsion de vie à laquelle il tenait tant, une force antagoniste plus puissante. "Dans certains cas troublants l'agressivité se manifeste chez l'individu par un masochisme irréductible". Et Sacha Nacht réintroduit le concept, auparavant exclu, d'autodestruction auquel il donne nom de masochisme primaire organique "conclusion théorique plus limitée que celle qui concerne l'instinct de mort, mais plus proche, plus conforme aux données de l'observation immédiate"[34].

Depuis, le concept de masochisme a connu une véritable évolution - et révolution -, sur le plan théorique, et cela en fonction de l'intérêt accru qu'a suscité, à une lecture soutenue de Freud, la deuxième théorie des pulsions. Le masochisme- primaire, érogène, alliage muet de la pulsion de mort et d'Eros - devient, pour certains, corrélatif de la pulsion de mort.

Tel n'est pas l'avis de Benno Rosenberg qui voit dans le masochisme primaire, érogène le "meilleur rempart contre la destructivité" tout en pouvant néanmoins devenir "son instrument privilégié"[35]. Masochisme "mortifère" ou "gardien de la vie" tel sera le destin du masochisme érogène suivant la "qualité" de l'intrication pulsionnelle qui le conditionne. En d'autres termes, l'intrication pulsionnelle, liaison de la pulsion de mort par la libido, qui met la pulsion de mort au service d'Éros, constitue une défense spécifique à l'intérieur du sujet. Racine du masochisme primaire, érogène, gardien de la vie, elle bloque la pulsion de mort, elle constitue une défense spécifique à l'intérieur du sujet et devient le lieu où le moi se constitue, donnant naissance au soi et permet au masochisme primaire de faire naître le moi archaïque qui fonde le sujet. En résumé, pour Benno Rosenberg, le masochisme érogène est gardien de la vie, constitutif du moi et de l'objet, protecteur du moi archaïque.

Dans ces conditions, quand sommes-nous en droit de parler d'un masochisme mortifère ? Quand il y a un investissement de toute souffrance, un plaisir d'excitation au détriment de la décharge, en dehors de tout objet, créé uniquement autour de l'excitation de soi tel est, à titre d'exemple, l'"orgasme de la faim!" de l'anorexique mentale. Le masochisme bloque la pulsion de vie et la détourne de toute satisfaction objectale. L'excitation contenue dans la "détresse primaire" est surinvestie de façon masochique, ce qui entraîne une inhibition de la recherche de la satisfaction hallucinatoire du désir, une inhibition de la vie fantasmatique, une difficulté à la constitution de l'objet interne. Ce fait retentit sur les possibilités de projection et la constitution de l'objet externe; il s'installe une désaffection des autres modes de défense et surtout des mécanismes de projection, Ainsi, devenant prépondérant, le masochisme se fait, du même coup, mortifère.

Dans un texte récent (1985), concernant les Concerts métapsychologiques de base[36], Francis Pasche, prolongeant ses réflexions sur sa "conception de la théorie des deux instincts", observe que ce qui est le plus "fondamentalement primaire dans le masochisme primaire c'est l'instinct de mort : "La tendance à la dissociation, qui peut aller jusqu'au morcellement, jusqu'à la mort mais qui peut aussi, intriquée avec Eros, au nom d'Éros, amener à céder quelque chose de soi-même, de sa substance, au bénéfice de l'autre par amour." Aussi propose-t-il de distinguer entre, d'une part "l'effet du masochisme primaire retenu dans le sujet, qui l'amène à se déprendre de quelque chose de lui-même au profit de 1’objet", et de l'autre "l'effet de ce "masochisme" quand, ressenti comme souffrance ou menace pour la survie, il est rejeté à l'extérieur sous forme de sadisme aux dépends de l'objet".

Pour Francis Pasche le masochisme primaire "fonde l'amour si il est gardé en soi, mais se transforme en sadisme si il est expulsé hors de soi". Par ailleurs, le terme de mort dans instinct de mort lui "semble doter celui-ci d'une connotation péjorative, voire angoissante, ne rendant pas compte de son action", qui est d'être "bien souvent au service de la vie". Le concert d'instinct de mort inclut les idées de désintrication, de destruction et de mort, mais "aussi celle de scission, de séparation, de dIstinction, d'individualisation qui ont une connotation neutre, ou positive ou même vitale". De même en est-il " symétriquement" pour l'instinct de vie (Eros) qui inclut tout à la fois les idées d'union, de conjugaison, de rassemblement d'unités dispersées en une nouvelle unité organique, "mais aussi les idées d'accolement anarchique d'unités indifférenciées, d'agrégation monstrueuse (foule, cancer, etc,) et enfin celle d'intrication parfaite à parties égales qui est proprement la mort ou la 'chosification' (catatonie). Le bruit de la vie ne vient pas seulement d’Eros, mais de toutes les intrications incomplètes d'Eros et de l'instinct de mort, où domine tantôt l'une, tantôt l'autre de ces deux tendances, tantôt ici, tantôt là".

Tous deux, l'instinct de vie comme l'instinct de mort, sont au service de la compulsion de répétition "qu'on ne peut donc identifier à l'instinct de mort, comme cela se dit. Elle le sous-tend comme elle sous-tend l'instinct de vie". La compulsion de répétition est une sorte de mémoire, une mémoire démiurgique, que Francis Pasche avait proposé autrefois de définir comme l'"instinct de l'instinct". En d'autres termes la compulsion de répétition ne caractérise en rien la pulsion de mort, elle est le propre de tout fonctionnement pulsionnel.

Se sentant plus proche de la définition de et coexcitation sexuelle" telle qu'elle leur apparaît dans au-delà du principe de plaisir, Denise Braunschweig et Michel Fain[37] font état d'une "divergence d'opinion" au sujet de la conception du masochisme primaire telle que Freud l'établit dans Le problème économique du masochisme. Le fait qu'une excitation "brute" soit susceptible de se transformer en excitation sexuelle, puis que celle-ci, se modifiant, entraîne des troubles aboutissant à la "névrose actuelle", implique, pour eux, que cette "dérivation n'est pas récupérable par le masochisme primaire tel que Freud l'a décrit". Il leur paraît, pour cette raison, "difficile de suivre l'hypothèse selon laquelle il existerait une liaison primaire entre la libido et l'instinct de mort, ce, à un niveau biologique, liaison constituante du masochisme primaire". Au fil de leurs élaborations, les difficultés rencontrées dans l'application directe de cette hypothèse les entraînent à renoncer au concept d'instinct de mort : "En un mot, l'instinct de mort échappe à notre compétence".

Pour Jean Gillibert[38], qui voit dans le masochisme un "au-delà de l'économique", le masochisme érogène est cette "médiation qui illusionne sur son contenu puisqu'il fait vivre mais devient facteur de vérité quand, au terme de l'illusion, le masochisme érogène ne se transforme plus en masochisme moral, et qu'il perd tout pouvoir, pour n'être que ce qui tient en garde l'individué non plus dans sa vie mais dans sa mort".

Toutes ces considérations, qui par bien des points de vue pourraient apparaître comme des distinctions purement spéculatives, reviennent en réalité à l'essentiel. Muette en son origine, la pulsion de mort nous confronte toujours à ses "alliages" entre pulsion de vie et pulsion de mort. Le "temps muet" du masochisme érogène, dont il est difficile de rendre compte des "effets économiques" autrement que par la théorie, nous conduit tout naturellement à la question de l'économie de la pulsion de mort t, et des effets de cette dernière, dans la gestion de la cure, ce que nous abordons a présent.

 

5. Les effets de la Pulsion de Mort et la cure psychanalytique. Le contre-transfert et la mort.

Le "travail" de la pulsion de mort consiste, pour Serge Leclaire[39], à s'assurer de façon constante, contre la formidable tendance unificatrice des pulsions de vie, la présence étrange et singulière des représentants inconscients et l'absolue hétérogénéité du référent phallique". En d'autres termes c'est par rapport au "référent phallique", à la "quête du phallus", que viendraient se situer l'action des forces pulsionnelles "dites de mort", qui tendent à faire "prévaloir le "non-figurative" du représentant inconscient et l'impensable unité négative", constitutifs de ce même référent. En même temps, "rien ne peut s'écrire, se dire, se représenter si la force de la pulsion de mort cesse un seul instant de maintenir distincte et fondatrice la référence au phallus". Aussi le travail analytique devient-il, pour cet auteur, "figures à démasque- figures à tuer", permettant ainsi de "rendre au représentant inconscient son véritable statut et de prendre en compte la dette insolvable qui nous lie au référent phallique".

Ce "travail du négatif" de la pulsion de mort nous le retrouvons dans la pensée de Guy Rosolato lorsqu'il écrit : "Rappelons dans Freud l'importance de l'intériorisation conjointe, comme relation d'inconnu, de l'inconscient, de la pulsion et de la mort dans le topos du ça. Car le travail du négatif a été spécialement perçu, admis et théorisé par Freud pendant cette période"[40]. Pour Guy Rosolato, à partir de 1920, dans l'œuvre de Freud, c'est "la mort elle-même qui est intériorisée". La mort est dans la "relation d'inconnu". Si l'on en comprend l'importance, si ses localisations et ses déplacements sont correctement décelés et situés, ils permettent d'"appréhender la fonction des idéaux comme prenant en charge l'impensable. La pulsion de mort obéit à cette loi de l'écart : son intériorisation de l'impensable libère d'une sujétion extérieure et rejoint le cœur du narcissisme, son mythe de l'émergence, et du coup, fait de la mort un impensable - pensable, au-delà, comme d'ailleurs la vie, de l'économie mortelle du principe de plaisir"[41]. C'est par le biais de l'analyse de la "relation d'inconnu" que l'"inconnu de la mort, d'extensif qu'il était, lié à un avenir, à une fin, passe dans le champ de l'intensif", et permet ainsi d'"être métaphorisé et dirigé".
Cet état de chose impensable, dont l'"immanence temporelle fait surgir les angoisses de mort les plus aiguës", est cette dimension de la pulsion de mort qui retient le plus Micheline Enriquez[42]. On se trouve là face à l'aspect "le plus pulsionnel" de la pulsion de mort en "ce qu'elle poursuit inlassablement et silencieusement le désinvestissement, la déliaison, la disjonction l'évanouissement du sujet, l'effacement de la trace sur un mode asymptotique ce qui [...], dans un mouvement d'anticipation, peut faire émerger un désir d'anéantissement impensable". Cela pose la question des représentations qui l'accompagnent, de leur reprise et de leur métabolisation dans l'activité psychique et l'économie pulsionnelle.

Au terme d'un travail dans lequel elle a cherché à montrer comment la référence aux pulsions de mort n'est, non seulement, "pas une abstraction" mais comment cette dernière a un "impact direct sur la pratique"[43], Nathalie Zaltzman propose deux hypothèses de recherche :

- d'une part, avancer dans la connaissance de l'"activité de Thanatos" implique que l'on pose comme probable une "multiplicité de pulsions de mort". De même que l'on évoque les complexités des pulsions sexuelles sans les amalgamer en une pulsion de vie unique, il semblerait que l'on puisse distinguer une diversité de pulsions de mort dans leurs destins;
- d'autre part, certaines de ces pulsions prennent le "relais" des pulsions sexuelles, et réciproquement, "à la recherche d'une résolution dans un conflit en impasse". D'autres pulsions de mort n'"établissent aucune association, aucun croisement possible avec la sexualité. Elles fonctionnent, dès l'origine et prioritairement, pour elles-mêmes", procurant "une jubilation, une extase d'anéantissement, irréductibles à nos repères actuels".

Pour Piera Aulagnier de son côté, Thanatos représente "toutes les forces de la déliaison, du négatif, du rejet, de la néantisation, de la haine, mais aussi - comme dans la spéculation freudienne -, d'une contrainte interne à la constance, à la quiescence, à l'amont de toute perturbation par les tensions internes ou externes qu'elles soient sexuelles ou non sexuelles, instinctuelles ou pulsionnelles, et à tous les niveaux du sujet constitutives par leurs équilibrages aléatoires"[44]. Cette pulsion se situe dans la proximité des théories de l'archaïque et du primitif qui introduisent la violence primitive, l'agressivité archaïque et l'autodestruction. Thanatos est introduit répétitivement comme force antagoniste vis à vis d'Éros, dans l'espace postulé de l'originaire, avec son représentant, le pictogramme.

Pour une approche plus détaillée de la conception "du travail de Thanatos" et de ses "potentialités" dans la pensée délirante du psychotique, nous renvoyons le lecteur aux travaux de Piera Aulagnier[45], nous contentant, pour notre part, de mettre ici l'accent sur son concept de haine radicale, soumise aux visées de Thanatos. L'originalité du propos tranche d'autant plus que peu d'auteurs contemporains continuent à penser au concept de pulsion de mort en fonction de la haine, même si cette dernière paraît souvent en revêtir le masque. Pour Piera Aulagnier, dans l'originaire, l'objet excitant entraînerait quelque chose de plus que la "haine", le déplaisir de l'excitation engendrant un plaisir d'auto-destruction, première manifestation de la pulsion de mort. "Nous assistons à la manifestation d'une haine radicale, présente d'emblée, pour une activité de représentation dont l'entrée en action présuppose, à cause de sa liaison avec le corporel, la perception d'un état de besoin que sa fonction est d'annuler". Cette haine radicale, cette agressivité archaïque pré-objectale, s'attaque à un espace corporel vécu comme un "Hors-Soi" dès qu'il se manifeste, et permet de reconnaître son origine dans la pulsion de mort du fait de la présence de cet "au-delà d'un principe de déplaisir". Ce "Hors-Soi", qui représente aussi les productions de la psyché maternelle, est créateur d'une violence primaire nécessaire. Il peut induire des signifiants trop nombreux (excès), ou trop "énigmatiques", pour l'enfant qui les rejette (pictogramme de néantisation), et se met ainsi à 1’abri d'un "danger psychique", si, dans un second temps, une "violence secondaire maternelle" ne vient pas à s'exercer.

Il semble que l'on puisse retrouver là certains éléments de ce que Conrad Stein à tenté de cerner par la reconnaissance, au sein du processus psychanalytique, de cette "séductrice perverse qui nous persécute et dont nous portons l'image en nous"[46].
Cette vue ouvre les questions de la haine et du contre-transfert : "Puisqu'en même temps cette séductrice nous séduit et nous persécute, la séduction et la haine sont déjà réunies dans le seul fait de la désigner". Et Conrad Stein pense, ici, au "lien qui s'établit entre le patient et le psychanalyste dans une sourde haine semblable à celle qui assure avec une mère - indiscutable figure de séductrice - des liens à tel point fonciers que cette haine ne saurait être conçue que dans la pérennité, en deçà de la naissance et au-delà de la mort".

Dans son rapport à la mort, c'est, pour l'essentiel, dans la rencontre avec la "mort psychique" que le psychanalyste verra surgir en lui toute une série d'effets contre-transférentiels. J.-B. Pontalis[47] tente en une formule, de rendre compte de l'aspect "touché au vif - touché au mort" de certains contre-transferts : "le "touché au mort" indique la mort de la réalité psychique et c'est là, avec cette rencontre, qu'il y a emprise du contre-transfert". À ce propos, J.-B. Pontalis note que lorsqu'il parle de mort par meurtre ou effacement de la réalité psychique, face aux "puissances destructrices massivement agissantes", il n'éprouve pas la nécessité de se référer à la pulsion de mort. Cela reviendrait, pour lui, à n'avoir d'autre but que d'utiliser un "signifiant magique" qui recouvrirait les signifiés les plus divers et masquerait ainsi la réalité psychique absente qui reste "à restaurer, à inventer".

Cette même démarche se retrouve chez Michel de M'Uzan lorsqu'il pense que s'il s'agit d'examiner des faits cliniques, et en particulier ceux qui rendent compte du problème de la mort, mieux vaut mettre à l'écart toute référence à l'instinct de mort[48]. Autrement, "entraîné dans une discussion interminable qui, certes a son utilité, mais à un tout autre niveau, on risque de perdre le contact avec la réalité". La clinique le porte, pour sa part, "à mettre moins l'accent sur un instinct de mort que sur des modalités de fonctionnement de l'instinct, ou si l'on préfère, sur son destin".

Destins, destins de l'instinct, figures de l'instinct de mort, figures du destin... Au-delà de la clinique, ne pourrions-nous penser à ce que Freud tentait d'illustrer dans Le motif du choix des coffrets[49] à propos des "trois formes sous lesquelles se présente au cours de la vie l'image de la mère la troisième, "silencieuse déesse de la Mort", venant recueillir, dans ses bras, l'homme au crépuscule de sa vie ? Pour conclure ce chapitre, et non le clore, rappelons ce que Robert Barande propose d'interpréter sur ce qu'il pense être l'hypothèse du "mythe de la pulsion de mort" chez Freud : "La survivance inconsciente du tabou de l'inceste" s'est avérée déterminante pour l'élaboration de la notion de pulsion de mort. "Destiné à barrer l'approche de la mort inexorable et le visage qui la porte sur lequel Freud craint de découvrir la figure de son désir incestueux, celle de sa mère interdite, le compromis névrotique sera d'instituer la mort en lui-même, depuis toujours là, au-delà"[50].

Avant de conclure, il nous faut souligner une omission et deux absences. L'omission, importante mais volontaire, concerne Melanie Klein à laquelle, directement ou indirectement, bon nombre d'auteurs cités se sont référés. Sans expliciter davantage ses propositions connues de tous, car tel n'était pas le dessein que nous nous étions assigné, rappelons, en un mot, l'essentiel de sa théorie en ce qui concerne la pulsion de mort l'hypothèse, dès l'origine, d'angoisses persécutives liées à la pulsion de mort, venant ensuite se focaliser sur l'objet.

La première des deux absences concerne le langage. Jacques Lacan, qui ne voit pas la nécessité de recourir à la notion, pour lui "périmée", de masochisme primaire, rattache l'instinct de mort et la répétition au "moment où le désir s'humanise". Moment qui est aussi celui "où l'enfant naît au langage"[51]. La métaphore du jeu de la bobine, accompagnée du Fort ! Da !, lui permet d'appréhender l'organisation symbolique qui "se manifeste d'abord comme meurtre de la chose" et qui "constitue dans le sujet l'éternisation de son désir". Louis Beirnaert, dans un bel article sur La pulsion de mort chez Freud[52], rend hommage à la thèse lacanienne en mettant l'accent sur ce "fond de silence que la pulsion de mort introduit et maintient dans les manifestations de la vie, et notamment dans le discours".

La seconde absence concerne la mélancolie et le mélancolique dont le surmoi apparaît à Freud comme "une culture de la pulsion de mort"[53]. Julia Kristeva, dans un texte récent[54], articule dépression, mélancolie et pulsion de mort. Pour cet auteur, la mélancolie serait l'expression la plus radicale de l'effondrement de la séquentialité biologique et logique du désir, et la pulsion de mort serait l'inscription primaire de cet effondrement, l'inscription primaire de la discontinuité (trauma et perte).

À présent il est temps de conclure.

Toute psychanalyse nous parle de mort, de morts et de la mort insinuée dans la vie... mais est-ce pour autant que toute psychanalyse nous parle de pulsion de mort ? Et si oui, comment et à quelles conditions ?

À ces interrogations qui se posent à nous dans notre quotidien théorique et clinique, nous souhaiterions proposer en guise de réponses, toute une série d'autres questions :

La dialectique pulsion de vie - pulsion de mort est-elle fondamentale ? N'y aurait-il pas, comme le dit Jean Gillibert, un risque d'encourir "le monisme du néant : toute vie va à sa mort" ?

Le "désir de mort" est-il "mort du désir" ? En d'autres termes, quels sont la source, l'objet, le but de la pulsion de mort ? Sur quelles représentations et sur quels affects reposent-ils ? Sommes-nous à ces moments dans un au-delà ou dans un en deçà ( ou peut-être les deux à la fois ), du figurable et de l'analysable ?

Lorsque l'on tente de substantifier la pulsion de mort et que l'on parle de destruction, d'autodestruction, d'apathie, de violence, de nirvâna, de rejet, de trop plein ou de vide d'excitation, de sentiment d'inexistence et de néantisation, de vide de la pensée, de rage, de disjonction, de déliaison, de désymbolisatian, de travail du négatif, etc., à quelle logique interne de la pulsion a-t-on affaire ? N'a-t-on pas à rendre compte d'une autre logique de la pulsion ?

À propos de logique, Michel Neyraut propose un élément de réponse que nous aimerions signaler. Pour lui, la nouvelle logique qu'implique 1'"Au-delà" fait comprendre que la répétition soutient la tautologie du discours, et que la tautologie est elle-même la manifestation la plus sensible d'une pulsion de mort.[55]

Y aurait-il un lien entre les différents destins de la pulsion de mort et cette autre logique dont on pourrait être amené à rendre compte ?

En d'autres termes, la pulsion de mort ne pose-t-elle pas, pour l'essentiel, et de manière cruciale, la question des pulsions comme êtres mythiques que l'on voit moins s'affronter dans le conflit cliniquement observable que dans un combat qui dépasse l'individu humain, puisque se retrouvant chez tous les êtres vivants ?

Ou encore, la pulsion de mort ne fonctionnerait-elle pas comme un mythe originaire dans l'appareil métapsychologique dont dispose tout psychanalyste ?

S'il y a une "nécessité" à l'établissement, et au maintien, du concept de pulsion de mort, ceci est-il lié à la tragédie de la psyché ou à la tragédie de l'éthique, c'est-à-dire à la sanction de tout excès ?

Enfin, quels liens peut-on établir entre la notion psychologique de pulsion de mort et la biologie ? Par ailleurs un biologiste, ou un immmunologiste, parlant aujourd'hui de la mort à l'œuvre dans la vie, peut-il admettre l'idée de pulsion de mort ?


 

[1] Sulloway, F. J., Freud biologiste de l'esprit, Paris, Fayard, 1981,
[2] Laplanche (J.) et Pontalis (J.-B.), Vocabulaire de la Psychanalyse, Paris, PUF, 1967.
[3] M’Uzan, M de, « Freud et la mort », 1968, in De l'art à la mort, Paris, Gallimard, 1977.
[4] Freud S., « Le Moi et le ça » (1923), in Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1981.
[5] « Au-delà du principe de plaisir » (1920), in Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1981.
[6] Ibid.
[7] Laplanche (J.) et Pontalis (J.-B.), Vocabulaire de la Psychanalyse, Paris, PUF, 1967.
[8] Abrégé de psychanalyse (1938), Paris, PUF, 1975.
[9] Laplanche J., Problématique, IV, L'inconscient et le ça, Paris, PUF, 1981.
[10] Green A., « Pulsion de mort, narcissisme négatif, fonction désobjectalisante », in La pulsion de mort, Premier Symposium de la Fédération Européenne de Psychanalyse (Marseille, 1984), PUF, 1986. Narcissisme de vie, narcissisme de mort, Paris, éd. de Minuit, 1983.
[11] Que ces dernières soient intriquées à la pulsion sexuelle - par exemple les "masochismes" -, ou non : psychoses révélant une désintégration du Moi, dépressions graves conduisant au suicide, névroses graves et névroses de caractère, structures narcissiques, cas limites, deuils indépassables, angoisses catastrophiques ou impensables, craintes d'annihilation ou d'effondrement, de mort psychique, sensations de gouffre, de trou sans fond, d'abîme, etc.
[12] Lacan J., « L'agressivité en psychanalyse », Rapport à la XIè Conférence des Psychanalystes de Langue française, Bruxelles, 1948, in Revue française de Psychanalyse, XII, 3, 1948, et in Écrits, Paris, Seuil, 1966.
[13] Pasche F., « L'antinarcissisme », 1964, in À partir de Freud, Paris, Payot, 1969.
[14] Green A., « Pulsion de mort, narcissisme négatif, fonction désobjectalisante », in La pulsion de mort, Premier Symposium de la Fédération Européenne de Psychanalyse (Marseille, 1984), PUF, 1986.
[15] Leclaire S., On tue un enfant, Un essai sur le narcissisme primaire et la pulsion de mort, Paris, Seuil, 1975.
[16] Grunberger B., « Narcisse et Anubis ou la double image primitive », in Revue française de Psychanalyse, XLVII, 4, 1983.
[17] Laplanche J., Problématique, IV, L'inconscient et le ça, Paris, PUF, 1981.
[18] Laplanche J., « La pulsion de mort dans la théorie de la pulsion sexuelle », in La pulsion de mort, Premier Symposium de la Fédération Européenne de Psychanalyse, Marseille, 1984, PUF, 1986.
[19] Laplanche J., Problématique, IV, L'inconscient et le ça, Paris, PUF, 1981.
[20] Green A., « Pulsion de mort, narcissisme négatif, fonction désobjectalisante », in La pulsion de mort, Premier Symposium de la Fédération Européenne de Psychanalyse (Marseille, 1984), PUF, 1986.
[21] Laplanche J., « La pulsion de mort dans la théorie de la pulsion sexuelle », in La pulsion de mort, Premier Symposium de la Fédération Européenne de Psychanalyse, Marseille, 1984, PUF, 1986.
[22] Marty P., Les mouvements individuels de vie et de mort, Paris, Payot, 1976.
[23] Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse, (1932), Paris, Gallimard, 1984.
[24] Nacht S., « Les manifestations cliniques de l'agressivité et leur rôle dans le traitement psychanalytique », Rapport présenté à la XIe Conférence des Psychanalystes de Langue française, Bruxelles, 1948, in Revue française de Psychanalyse, XII, 3, 1948.
[25] Lebovici S. et Diatkine R., « L'agression est-elle un concept métapsychologique ? », XXVIIè Congrès international de Psychanalyse, Vienne, 1971, in Revue française de Psychanalyse, XXXVI, 1, 1972.
[26] Bergeret J., « La violence fondamentale (l'étayage instinctuel de la pulsion libidinale) », Revue française de Psychanalyse, XLV, 6, 1981.
[27] Bergeret J., « Généalogie de la destructivité », Revue française de psychanalyse, XLVIII, 4, 1984.
[28] M’Uzan M. de, « Un cas de masochisme pervers, Esquisse d'une théorie », 1972, in De 1'art à la mort, Paris, Gallimard, 1977.
[29] M’Uzan M. de, « Les esclaves de la quantité », in Nouvelle Revue de Psychanalyse, 30, 1984.
[30] Freud S., « Le problème économique du masochisme », (1924), in Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF, 1973.
[31] Dorey R., « La relation d'emprise », Nouvelle Revue de Psychanalyse, 24, 1981.
[32] Gantheret F., « De l'emprise à la pulsion d'emprise », in Nouvelle Revue de Psychanalyse, 24, 1981.
[33] Gillibert J., « De l'objet pulsionnel de la pulsion d'emprise », in Revue française de psychanalyse, XLVI, G, 1982.
[34] Nacht S., « Instinct de mort ou Instinct de vie ? », in La présence du psychanalyste, Paris, PUF, 1963.
[35] Rosenberg B., « Masochisme mortifère et masochisme gardien de la vie », in Les cahiers du Centre de Psychanalyse et de Psychothérapie, Masochismes, 5, 1982.
[36] Pasche F., « Des concepts métapsychologiques de base », in Revue française de Psychanalyse, XLIX, 15, 1985.
[37] Braunschweig (D.) et Fain (M), La nuit, le jour, Paris, PUF, 1975..
[38] Gillibert J., « Généalogie de la destruction », in Revue française de Psychanalyse, XLVIII, 4, 1984.
[39] Op. cit.
[40] Rosolato G., « L'ombilic et la relation d'inconnu », in La relation d'inconnu, Paris, Gallimard, 1978.
[41] Rosolato G., « La psychanalyse au négatif », in Topique, 18, Janvier1977.
[42] Enriquez M., « Souviens-toi de l'Apocalypse... Considérations sur l'angoisse de mort », Topique, 17, Avril 1976.
[43] Zaltzman N., « Baiser la mort ? Une sexualité mélancolique », in Topique, 38, Novembre 1986.
[44] Fine A., « L'insistance de Thanatos dans la théorisation de Piera Aulagnier », in Topique, 37, Mars 1986.
[45] Aulagnier P., La violence de l’interprétation, Paris, PUF, 1975 ; L'apprenti-historien et le maftre-sorcier, Paris, PUF, 1984.
[46] Stein C., « Les Érinyes d'une mère, Essai sur la haine », Exposés donnés dans le cadre de Confrontation en 1978 et 1979, à paraître.
[47] Pontalis J.-B., « À partir du contre-transfert : le mort et le vif entrelacés », & « Sur le travail de la mort », in Entre le rêve et la douleur, Paris, Gallimard, 1977.
[48] M’Uzan M. de, « Le travail du trépas », 1976, & « Freud et la mort », 1968, in De l'art à la mort, Paris, Gallimard, 1977.
[49] Freud S., « Le motif du choix des coffrets » (1913), in L'inquiétante étrangeté, Paris, Gallimard, 1985.
[50] Barande R., « La pulsion de mort comme non-transgression », Revue française de Psychanalyse, XXXI 1, 3, 1968.
[51] Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », in Écrits, Paris, Seuil, 1966.
[52] Beirnaert L., « La pulsion de mort chez Freud », in Aux frontières de l'acte analytique, Paris, Seuil, 1987.
[53] Freud S., « Le Moi et le ça » (1923), in Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1981.
[54] Kristeva J., Soleil Noir. Dépression et Mélancolie, Paris, Gallimmard, 1987.
[55] Neyraut M., Les logiques de l'inconscient, Paris, Hachette, 1978.