Ségolène Royal l'emporterait sur Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle 1

Sonder, c'est assez drôle, c'est explorer la profondeur de quelque chose pour en repérer ce qu'il y a de caché; mesurer par exemple la profondeur de l'eau! C'est, en médecine, faire uriner aussi!

Dans la prolifération des sondages, je vois plusieurs signes et quelques dérives:

Dérive de la presse d'abord: telle ment à l'affût de l'événement, si prompte à le vouloir annoncer avant les concurrents, qu'elle en vient à l'anticiper systématiquement. Je veux pour dernier exemple la déclaration des voeux présidentiels dont le contenu avait été dévoilé avant même la diffusion de ces derniers. Circulez, il n'y a rien à entendre qui ne fut déjà entendu! La presse, ivre d'événement, en a en réalité peur.

Dérive aussi que de transformer ainsi une élection en véritable course de chevaux: la tentation du spectaculaire la pousse, de semaine en semaine, et bientôt de jour en jour, à mesurer une prétendue avance de 0,5 point comme si ceci avait scientifiquement un sens!

Un risque enfin: à ainsi mesurer sempiternellement nos intentions, ne parle-t-on pas à notre place? Quoique le corps électoral veuille dire, il l'aurait déjà dit. N'a-t-on pas ici confondu représentativité et représentation? La représentativité d'une population sondée, toute problématique qu'elle puisse être, n'a en tout état de cause rien à voir avec la représentation nationale.

D'un côté on se substitue à moi, de l'autre on tente de me représenter. La logique du sondage est une logique de l'absence, pas de la présence!

 

 

 

1 Le Monde du 4 Janvier