Le nazisme qui a versé notre sang et qui a usurpé notre indépendance et notre souveraineté n'est pas moins mauvais que le nazisme qui a occupé la France" Ali Ammar "Je n'ai pas entendu cette comparaison et si cette comparaison avait été faite, que ce soit moi ou que ce soit l'ambassadeur de France qui était à mes côtés et qui n'a pas non plus entendu ces propos, nous aurions quitté la salle" S Royal  Beyrouth le 2 Décembre

 

Il est des mots malheureux; et des mots terribles! Il y a des silences accablants et des surdités inavouables! Le politique se révèle ici pour ce qu'il est: une figure dégradée du divin où le verbe fait office de geste. Je lis la figure même de la puissance  dans les premiers versets de la Genèse 1 : aucun interstice ne s'immisce entre la parole et l'acte parce qu'en la figure de Dieu, se confondent logos et être.

Je redoute, dans cette surdité, bien plus que de la maladresse... l'ultime écho de l'impuissance!

 

Comparaison n'est jamais raison! S'il est un domaine où elle défaille plus souvent qu'à son tour dans la maladresse ou le louvoiement, c'est bien dans l'appel que le politique fait à l'histoire. Perfidie méticuleusement fomentée quand il s'agit d'un terme aussi surinvesti que celui de nazisme; prévarication torpide quand il s'applique à Israël! En appeler ainsi au mal absolu et renvoyer ainsi la victime au bourreau, c'est évidemment interrompre tout dialogue possible.

L'histoire, dont il faut sans cesse se souvenir qu'elle est tragique, montre assez qu'il est des interlocuteurs impossibles et souvent des conflits que la seule bonne volonté ou le bon sens ne sauraient suffire à dénouer.

 

Il y a, oui, des interlocuteurs impossibles! On ne peut se payer sur la seule surdité de n'avoir pas su les reconnaître. On ne peut se payer sur la seule maladresse de n'avoir su le reconnaître.

Non, on ne peut se payer seulement de mots!

Oui, l'on attendait ici la rupture! on eut seulement la surdité et le silence!

 

Le scandale est pierre d'achoppement: c'est par la parole que le politique divague parfois; par le silence qu'il trébuche; toujours!

 

La posture, apparemment aimable, de qui veut dialoguer avec tous, et contrefaire la diplomatie, est celle de l'innocence, ou de la naïveté. S'engouffrer ainsi dans le chaudron, parler au lieu même du cyclone, ne manque pas d'audace où l'on se plairait à  louer courage et volonté! L'obsession de contredire l'incompétence qu'on lui oppose, le choix de porter si ostensiblement sa  féminité en bandoulière de son altérité politique, la rage d'inventer une démarche participative qui s'approche au plus près de la réalité de l'électeur, au plus chaud de la réalité, fait courir à cette candidate de bien curieux dangers!

Il y aura bien un moment où, contrainte de sortir de la simple écoute, il lui faudra énoncer, et annoncer. Se plonger dans ce que la politique a d'étranger, c'est s'obliger à parler immédiatement. Nulle suspens n'est ici possible parce que la politique étrangère n'attend pas!

 

Pourquoi derechef cette gêne? Celle qui mesure au millimètre sa communication trébuche sur le silence... une seconde fois !

 

 

 

1 Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut. Gen, 1,3